Un plan audacieux en cinq points
Au cœur de la stratégie du Parti de Gauche se trouve un plan fiscal en cinq points conçu pour redistribuer la richesse et lutter contre les inégalités économiques. S’il est mis en œuvre, ce plan vise à réduire de 50 % la richesse des milliardaires allemands en une décennie. Voici comment ils comptent s’y prendre :
- Réintroduction de l’Impôt sur la Fortune – Un impôt progressif sur le patrimoine, débutant à 1 % pour les actifs dépassant 1 million d’euros, grimpant à 5 % pour ceux dépassant 50 millions, et culminant à 12 % pour les milliardaires.
- Prélèvement Unique sur la Fortune – Une taxe exceptionnelle frappant les 0,7 % les plus riches de la population, débutant à 10 % pour les fortunes dépassant 2 millions d’euros et atteignant 30 % pour les plus grandes fortunes.
- Augmentation des Droits de Succession – Une hausse des taux d’imposition sur les plus grands héritages, afin que les patrimoines accumulés soient plus lourdement taxés lors de leur transmission.
- Réforme de l’Impôt Progressif sur le Revenu – Un impôt de 60 % sur les revenus annuels dépassant 250 000 euros et de 75 % sur ceux supérieurs à 1 million d’euros.
- Refonte de l’Impôt sur les Gains en Capital – Remplacement du taux forfaitaire actuel de 25 % par un barème progressif aligné sur celui de l’impôt sur le revenu.
Ce plan est-il réaliste ?
Bien que cette proposition ait fait sensation, la réalité est que le Parti de Gauche mène un combat difficile. Actuellement en dessous du seuil crucial de 5 % requis pour entrer au Bundestag, il fait face à un défi existentiel. Et même s’il parvient à obtenir des sièges, former des alliances pour faire adopter ces réformes radicales est une autre paire de manches—les partis centristes évitent historiquement de collaborer avec le Parti de Gauche.
Cela dit, leur proposition ne concerne pas seulement la politique—il s’agit aussi de faire avancer le débat. En mettant les milliardaires sous le feu des projecteurs, ils forcent les partis traditionnels à aborder la question grandissante des inégalités de richesse et de la justice fiscale.
Les chiffres : Revenus vs. fuite des capitaux
Si une partie de ce plan était mise en œuvre, elle pourrait générer des revenus considérables. Prenons un simple impôt de 2 % sur les actifs des milliardaires—cela pourrait à lui seul rapporter 5,7 milliards d’euros par an. L’impact budgétaire serait significatif, mais les risques le sont tout autant.
Les détracteurs avertissent qu’une fiscalité aussi lourde pourrait entraîner une fuite des capitaux, les ultra-riches allemands cherchant à déplacer leur fortune (et potentiellement eux-mêmes) vers des pays plus cléments en matière de fiscalité. Ce n’est pas un scénario hypothétique—d’autres nations européennes ont déjà vu des milliardaires partir en réponse à des politiques fiscales agressives. La France, par exemple, a perdu des milliers de millionnaires après l’instauration d’un impôt sur la fortune dans les années 2000.
Une tendance européenne ?
L’Allemagne n’est pas seule à débattre des impôts sur la fortune. Partout en Europe, on s’intéresse de nouveau à la contribution des ultra-riches, en particulier à l’heure où les gouvernements cherchent des fonds pour financer des projets climatiques et sociaux. Bien que les impôts sur la fortune aient disparu dans la plupart des États membres de l’UE, certains militent pour un impôt européen sur les 0,5 % des ménages les plus riches, qui pourrait rapporter 213 milliards d’euros par an.
Un débat agité avant les élections
À l’approche des élections du 23 février, la proposition du Parti de Gauche a ajouté un élément controversé au débat national. Même si leurs chances d’adopter de telles réformes restent minces, ils ont réussi à faire de la redistribution des richesses un sujet brûlant.