Bayrou et le scandale de Notre-Dame-de-Bétharram : des preuves accablantes refont surface

L’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram prend une tournure explosive avec la mise au jour de documents archivistiques qui contredisent frontalement les déclarations de François Bayrou. Longtemps resté dans l’ombre, le scandale de 1996 refait surface avec des preuves tangibles, jetant un trouble profond sur le Premier ministre et ancien ministre de l’Éducation.

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Des preuves qui changent tout

Les archives exhumées par Mediapart révèlent un climat de violences institutionnelles qui ne laissait aucune place au doute. Dès 1996, un surveillant général, Marie-Paul de Behr, avait été condamné pour avoir soumis un élève de 14 ans à des traitements inhumains : punition nocturne en sous-vêtements par -0°C, suivie de coups ayant entraîné une incapacité de travail.

Et pourtant, François Bayrou, loin de prendre ses distances avec l’institution, l’a publiquement soutenue. En mai 1996, il se rend sur place en compagnie du ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy et dénonce les « attaques injustes » contre Bétharram. Selon lui, les critiques portées contre l’établissement étaient « douloureuses pour les Béarnais ».

Plus troublant encore, une enseignante, Françoise Gullung, avait tiré la sonnette d’alarme dès 1996. Distribuant à ses élèves le numéro vert de l’enfance en danger, elle aurait fait face à des pressions institutionnelles massives. Menaces de mutation, injonctions au silence : tout aurait été mis en place pour étouffer ses alertes. Vincent Landel, directeur religieux de l’établissement à l’époque, aurait joué un rôle clé dans cette omerta.

Bayrou face à ses contradictions

Depuis ces révélations, le Premier ministre campe sur ses positions. En pleine séance parlementaire, il réaffirme n’avoir « jamais été averti des faits ayant donné lieu à des plaintes », rejetant en bloc les accusations et annonçant une plainte en diffamation contre Mediapart.

Mais les oppositions ne comptent pas laisser passer cette affaire. Le Parti socialiste et La France Insoumise exigent sa démission, estimant que ses dénégations sont « hors de proportion avec la gravité des faits ». Et pour cause : un ancien magistrat ayant instruit l’affaire en 1998 affirme avoir discuté du dossier avec Bayrou lui-même. À ce stade, difficile de croire à une simple méprise.

Une affaire bien plus vaste

L’enquête judiciaire rouverte en 2024 révèle l’ampleur vertigineuse du scandale. Pas moins de 112 plaintes pour viols, violences et agressions sexuelles ont été déposées, couvrant une période de 66 ans, de 1950 à 2016.

Les témoignages recueillis décrivent un système de prédation organisé, avec des schémas récurrents d’agressions nocturnes dans les dortoirs, de châtiments corporels systématiques et d’éloignement des agresseurs via des mutations internes. Neuf membres du clergé figurent parmi les prévenus.

Les victimes dénoncent une omerta institutionnelle entretenue par les élites locales, rendant toute tentative de justice quasi impossible pendant des décennies.

Un séisme politique imminent ?

Avec ces nouvelles pièces versées au dossier, la position de François Bayrou devient intenable. L’affaire ne se limite plus à sa propre responsabilité : d’autres responsables politiques pourraient être mis en cause pour avoir couvert ces agissements.

L’étendue du scandale évoque les affaires de l’Église en Pennsylvanie ou les abus systémiques révélés en Australie. La différence ? Cette fois, un Premier ministre en exercice se retrouve directement impliqué. Jusqu’à quand pourra-t-il tenir face à la pression politique et médiatique ?

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