En août 2024, le Brésil a temporairement bloqué X après que la plateforme ait refusé d’obéir à des ordonnances judiciaires exigeant la suppression de comptes diffusant des discours de haine et de la désinformation. La Cour suprême brésilienne a été très claire : les plateformes opérant dans le pays doivent respecter les lois nationales. Mais X, sous la direction de Musk, a refusé, qualifiant cette décision d’atteinte à la liberté d’expression.
Pendant plus d’un mois, la plateforme est restée inaccessible au Brésil. La pression s’est intensifiée et, en octobre 2024, X a finalement cédé. L’entreprise a non seulement obéi aux exigences de la Cour, mais a aussi payé des millions d’amendes. Le message était clair : le Brésil ne tolérerait pas l’impunité des entreprises technologiques.
Des leçons pour l’Europe
Lula ne garde pas cette victoire pour lui. Conscient du caractère mondial de ce problème, il collabore avec les dirigeants européens pour créer une réponse coordonnée face au pouvoir des réseaux sociaux.
- France : Une unité contre la désinformation
Lula et le président français Emmanuel Macron échangent activement sur les stratégies de lutte contre la désinformation en ligne. Avec le Brésil en fer de lance, la France envisage d’adopter des réglementations plus strictes inspirées de l’approche brésilienne. - Royaume-Uni : Renforcer la résilience du public
Le Royaume-Uni et le Brésil ont lancé des projets communs visant à renforcer la résistance du public face à la désinformation. Alors que les théories du complot et les attaques contre des figures politiques se multiplient, la mise en place de réponses structurées devient une priorité. - Union européenne : Réguler le pouvoir des Big Tech
Lula a échangé avec les dirigeants de l’UE sur la souveraineté nationale et la lutte contre la désinformation, le racisme et les discours de haine. La Commission européenne, qui a déjà lancé une enquête sur la modération des contenus sur X, voit dans l’approche brésilienne un modèle d’application efficace.
Les gouvernements européens doivent eux aussi affronter Musk et X :
- Au Royaume-Uni, Musk a personnellement attaqué Keir Starmer, possible futur Premier ministre, et relayé des théories du complot sur un scandale d’abus sexuels sur mineurs.
- En Allemagne, il a publiquement soutenu le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) avant les élections fédérales.
- La Commission européenne a élargi son enquête sur les pratiques de modération de X, interrogeant son conformisme aux règlements numériques.
L’approche de Lula montre la voie : appliquer les lois existantes, responsabiliser les entreprises technologiques et user de pressions légales et financières si nécessaire.
Une lutte plus vaste : Géants technologiques vs. gouvernements
Le procureur général du Brésil, Jorge Messias, l’a dit sans détour : de la même manière que les gouvernements ont dû réguler les monopoles et les oligopoles, ils doivent aujourd’hui faire face au pouvoir grandissant des géants du numérique. La bataille contre la désinformation en ligne n’est plus seulement une question de modération de contenu—c’est une question de démocratie.
Depuis des années, les entreprises technologiques évoluent dans une zone grise juridique, imposant leurs propres règles. Mais le Brésil a prouvé que les gouvernements peuvent résister. Et alors que l’Europe observe et tire des leçons, la question est : qui sera le prochain à relever le défi ?