Un bordereau compromettant : l’origine de l’affaire
Tout commence en septembre 1894, lorsqu’un document, appelé « bordereau », est découvert à l’ambassade d’Allemagne à Paris. Ce papier contient des informations militaires sensibles, adressées à un attaché militaire allemand. Immédiatement, la question se pose : qui a bien pu transmettre ces renseignements ?
Rapidement, les soupçons se portent sur Alfred Dreyfus. Trois raisons principales expliquent cela :
- Il est Alsacien, une région annexée par l’Allemagne en 1871.
- Il est juif, dans un climat où l’antisémitisme gangrène une partie de la société et de l’armée.
- Son écriture ressemble vaguement à celle du bordereau (mais l’analyse graphologique reste contestable).
Malgré un dossier vide de preuves concrètes, Dreyfus est arrêté le 15 octobre 1894 et emprisonné.
Un procès injuste et une condamnation brutale
Le procès a lieu du 19 au 22 décembre 1894, à huis clos. Mais la justice est loin d’être impartiale :
- Les juges reçoivent un dossier secret (illégal) contenant de soi-disant preuves contre lui.
- Aucune preuve directe ne l’incrimine, mais les préjugés l’emportent.
Le verdict tombe : coupable de haute trahison.
Le 5 janvier 1895, Alfred Dreyfus est publiquement dégradé dans la cour de l’École militaire. Il est ensuite envoyé à la tristement célèbre Île du Diable, en Guyane, une prison infernale.
La vérité rattrape l’injustice
En 1896, un coup de théâtre : le véritable traître est identifié. Il s’agit du commandant Ferdinand Walsin Esterhazy. Pourtant, l’armée refuse d’admettre son erreur et le protège.
C’est alors qu’intervient l’écrivain Émile Zola, qui publie son fameux article « J’Accuse…! » en 1898. Ce texte dénonce la machination judiciaire et politique. L’affaire explose, la France se divise en deux camps :
- Les dreyfusards, qui défendent l’innocence du capitaine.
- Les antidreyfusards, convaincus de sa culpabilité ou refusant de remettre en cause l’armée.
La réhabilitation de Dreyfus
Il faudra attendre 1906 pour que la justice reconnaisse enfin son erreur. Alfred Dreyfus est réhabilité et réintégré dans l’armée. Il recevra même la Légion d’honneur.
Pourquoi cette affaire reste-t-elle aussi marquante ?
L’affaire Dreyfus ne se résume pas à une simple erreur judiciaire. Elle révèle les failles profondes de la société française de l’époque :
- Un antisémitisme répandu, même au sein de l’État.
- Une justice influencée par la politique et l’armée.
- Une société prête à se déchirer sur des valeurs fondamentales.
Aujourd’hui encore, l’affaire Dreyfus reste un symbole fort de la lutte pour la justice et contre les discriminations.
Alors, de quoi est accusé Dreyfus ? D’avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment, avec la mauvaise religion.


















