Un geste « fraternel » de Pyongyang
Cette révélation provient de l’ambassadeur russe en Corée du Nord, Alexander Matsegora, qui a détaillé cet arrangement lors d’une interview au journal d’État russe Rossiyskaya Gazeta. Matsegora a qualifié la volonté nord-coréenne de soigner les soldats russes de “preuve vivante de l’attitude fraternelle” entre les deux nations.
Fait notable, toutes les dépenses médicales—y compris les soins, l’hébergement et la nourriture—sont entièrement prises en charge par la Corée du Nord. Lorsque les autorités russes ont proposé de rembourser ces frais, les responsables nord-coréens se sont déclarés « sincèrement offensés » et ont insisté pour que de telles offres ne soient plus jamais faites. Cette générosité, rare dans les relations internationales, illustre le renforcement des liens entre Moscou et Pyongyang.
Bien que le nombre exact de soldats russes soignés reste inconnu, Matsegora évoque des « centaines » d’entre eux recevant un traitement dans les meilleurs établissements médicaux de Corée du Nord, sans mentionner de noms précis.
Une collaboration qui s’élargit
Cette assistance médicale n’est pas un acte isolé—elle s’inscrit dans un partenariat de plus en plus vaste entre les deux pays. Parmi les récentes collaborations, on trouve :
- L’accueil des enfants de soldats russes tombés au combat dans le camp international pour enfants de Songdowon en Corée du Nord l’été dernier.
- L’approvisionnement de la Corée du Nord en charbon, nourriture et aide médicale par la Russie.
- Le développement de programmes d’échanges universitaires entre les deux nations.
Ce rapprochement s’est accéléré après la signature d’un pacte de défense mutuelle entre la Russie et la Corée du Nord en juin 2024, consolidant leur alliance stratégique et militaire.
Un partenariat de plus en plus militaire
Au-delà des échanges humanitaires et éducatifs, la relation entre la Russie et la Corée du Nord s’oriente de plus en plus vers une coopération militaire, suscitant l’inquiétude des pays occidentaux. Selon plusieurs rapports :
- Environ 12 000 soldats nord-coréens auraient été déployés pour aider les forces russes dans la région de Koursk en Ukraine.
- Pyongyang aurait fourni à Moscou des obus d’artillerie et des missiles balistiques, renforçant la puissance de feu russe sur le champ de bataille.
- Les renseignements occidentaux estiment que près de 4 000 soldats nord-coréens ont été blessés ou tués depuis leur arrivée en Ukraine.
Face à la guerre qui s’enlise, la Russie cherche des alliés inhabituels, et la Corée du Nord semble prête à combler certaines lacunes—non seulement en matière de soutien militaire, mais désormais aussi de soins médicaux.
Des inquiétudes croissantes à l’international
Le rapprochement de ces deux nations, toutes deux sous sanctions internationales, suscite de vives préoccupations en Occident. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que “des centaines de militaires russes et nord-coréens” avaient été éliminés lors de récents combats. De leur côté, les responsables américains et européens surveillent de près cette alliance et ses répercussions potentielles.
Cette coopération renforcée pourrait redéfinir les dynamiques géopolitiques, notamment en Asie de l’Est, où l’affirmation croissante de la Corée du Nord est déjà une source d’instabilité régionale. Moscou et Pyongyang, de plus en plus isolés économiquement, semblent former un nouvel axe de résistance face aux pressions occidentales.
Quel avenir pour cette alliance ?
Alors que la guerre en Ukraine se prolonge, la dépendance de la Russie vis-à-vis de la Corée du Nord devient de plus en plus évidente. Ce qui a commencé comme un échange d’armes s’étend désormais aux domaines humanitaire et médical, marquant un tournant significatif dans leur coopération.
Jusqu’où ira ce partenariat ? Et quelles seront ses conséquences sur la sécurité mondiale ? Une chose est sûre : l’axe Moscou-Pyongyang n’est plus un simple vestige de la Guerre froide—il est devenu une réalité bien actuelle, aux implications majeures bien au-delà du front ukrainien.