La Turquie réaffirme son soutien à l’Ukraine : « L’intégrité territoriale n’est pas négociable »

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a été on ne peut plus clair : la souveraineté de l’Ukraine n’est pas négociable. Aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à Ankara le 18 février 2025, Erdoğan a déclaré que la Turquie fournirait « toutes sortes de soutiens » aux négociations de paix, mais uniquement à condition que l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit préservée.

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Ce n’est pas qu’une simple déclaration diplomatique. Les propos d’Erdoğan interviennent à un moment où les grandes puissances cherchent désespérément une issue à la guerre en Ukraine. Membre de l’OTAN et entretenant des relations avec Moscou et Kiev, la Turquie se positionne comme un acteur clé dans la résolution du conflit.

Sa déclaration constitue également un défi direct aux récentes discussions entre les États-Unis et la Russie à Riyad, qui ont exclu l’Ukraine, la Turquie et les pays européens. Zelenskyy n’a pas mâché ses mots à ce sujet : « Aucune décision sur la résolution de la guerre ne peut être prise sans la participation directe de Kiev. » Et Erdogan ? Il a appelé à une diplomatie plus inclusive, insistant sur le fait qu’un accord de paix durable devait impliquer toutes les parties prenantes.

Le rôle de la Turquie : médiateur ou acteur de premier plan ?

Depuis le début du conflit, la Turquie marche sur une corde raide diplomatique entre la Russie et l’Occident. Mais Erdoğan cherche désormais à faire de la Turquie « l’hôte idéal » pour de futures négociations de paix impliquant la Russie, l’Ukraine et les États-Unis.

Ce n’est pas une simple posture. La Turquie a déjà joué un rôle crucial dans la médiation des échanges de prisonniers et dans l’accord céréalier de la mer Noire, prouvant sa capacité à négocier même dans des conditions extrêmement tendues. Si un véritable processus de paix émerge, Ankara veut une place de premier choix – non seulement comme facilitateur, mais comme décideur.

Le coût humain : « Cette guerre doit cesser maintenant »

Au-delà des considérations politiques, Erdoğan n’a pas ignoré le coût humain de la guerre. Il a condamné les « morts innocentes » et la destruction massive, ajoutant que « la paix n’a pas de perdants. »

Un message qui trouve un écho au-delà de la Turquie. Après trois ans de conflit sans victoire décisive, des pays ayant d’importants intérêts économiques et sécuritaires dans la région, comme la Turquie, réclament de plus en plus ouvertement un arrêt des combats.

Discussions États-Unis-Russie et le facteur Trump

En toile de fond, une nouvelle vague de diplomatie menée par le président américain Donald Trump. Les discussions de Riyad entre responsables américains et russes marquent une nouvelle tentative de mettre fin à la guerre et de stabiliser les relations entre Washington et Moscou.

Erdoğan a salué ces efforts, tout en rappelant subtilement au monde que la Turquie plaide pour le dialogue depuis le tout début du conflit.

La position de Zelenskyy : « Nous devons être à la table des négociations »

Pour Zelenskyy, le soutien affirmé de la Turquie représente une victoire diplomatique. Il a exprimé sa gratitude envers Ankara pour son aide, notamment dans la libération de prisonniers ukrainiens. Mais son message général était clair : l’Ukraine et la Turquie ne peuvent pas être mises de côté dans les négociations de paix.

Les enjeux sont énormes. Si des négociations avancent sans l’implication de Kiev, cela pourrait créer un dangereux précédent où l’Ukraine se verrait imposer des accords négociés par des puissances extérieures. Un scénario que Zelenskyy veut à tout prix éviter.

Conclusion : et maintenant ?

L’offensive diplomatique de la Turquie souligne l’exaspération croissante des médiateurs non occidentaux face à la manière dont la guerre est gérée. Avec l’Ukraine intransigeante sur son intégrité territoriale et la Turquie exigeant une place à la table des négociations, la prochaine phase diplomatique s’annonce aussi tendue que le conflit lui-même.

Ce qui est certain, c’est qu’Erdoğan ne reculera pas. Reste à voir si les dirigeants mondiaux l’écouteront.

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