Le gouvernement argentin a clairement indiqué que sa décision de quitter l’OMS ne relevait pas d’un acte impulsif. L’administration du président Milei a énoncé plusieurs objections fortes, qui résonnent avec celles exprimées par Trump un peu plus tôt. Décryptons les principales raisons de cette décision stratégique :
1. Désaccords sur la gestion de la pandémie
La pandémie a touché chaque recoin du globe, mais pour beaucoup, la réponse a été chaotique. Pour l’Argentine, la gestion de la COVID-19 par l’OMS a laissé un goût amer. Le gouvernement a exprimé des « désaccords profonds » sur la manière dont l’OMS a géré la crise, notamment sur ses recommandations concernant les confinements, les quarantaines et les mesures de distanciation sociale. Selon les responsables argentins, ces directives n’étaient pas toujours soutenues par des preuves scientifiques solides. Les conséquences de ces décisions, affirment-ils, n’étaient pas uniquement sanitaires ; l’économie en a pris un coup sévère et les moyens de subsistance ont été fortement impactés.
2. La question de la souveraineté
Avec un ton résolument nationaliste, le porte-parole argentin Manuel Adorni a souligné que l’Argentine ne tolérerait pas d’interférences extérieures dans ses affaires intérieures. « Nous, Argentins, ne permettrons pas à une organisation internationale d’intervenir dans notre souveraineté, surtout en matière de santé », a-t-il déclaré. Ce discours traduit des préoccupations plus larges, celles selon lesquelles des organismes mondiaux comme l’OMS peuvent parfois empiéter sur les choix d’un pays, en imposant des politiques qui ne répondent pas toujours aux spécificités locales.
3. Impact économique
L’impact économique de la pandémie a été franchement brutal pour la plupart des pays, et l’Argentine n’a pas été épargnée. Le gouvernement a critiqué l’OMS pour avoir soutenu des mesures comme les confinements interminables, qui, selon eux, n’étaient pas étayées par des preuves solides de leur efficacité. Dans un pays déjà fragilisé économiquement, ces mesures ont été vues comme un facteur aggravant. Pour le gouvernement, cet aspect a joué un rôle décisif dans la décision de se retirer de l’OMS.
4. L’influence politique et le manque d’indépendance
L’administration argentine n’a pas hésité à exprimer sa conviction que l’OMS, en tant qu’organisation multilatérale, était trop influencée par les pressions politiques de certains États membres. Ce manque d’indépendance, selon eux, affaiblit la crédibilité de l’OMS en tant qu’entité neutre et compromet sa capacité à agir dans l’intérêt de tous les pays, indépendamment de leur position politique ou de leur poids économique.
Le lien avec Trump : une critique partagée de l’OMS
Il est difficile de ne pas voir les parallèles entre la décision de l’Argentine et celle de Trump, qui a annoncé son retrait de l’OMS dès janvier. Les États-Unis et l’Argentine partagent des critiques similaires de l’organisation, notamment en ce qui concerne sa gestion de la pandémie. Les deux pays estiment que l’OMS a été trop lente, trop bureaucratique, et peut-être trop influencée par des États puissants plutôt que par les besoins des pays qu’elle est censée servir.
Cela soulève la question : Assiste-t-on à un mouvement plus large où les grandes puissances commencent à se désengager des organisations internationales qu’elles jugent de moins en moins efficaces ? Est-ce le début d’un effet domino ?
Quelles seront les conséquences ?
Le retrait de l’Argentine aura plusieurs répercussions, non seulement pour le pays, mais aussi pour les initiatives mondiales de santé. Voyons de plus près les principales implications de cette décision :
1. Impact financier
L’Argentine verse entre 8 et 10 millions de dollars par an à l’OMS. Ce n’est pas une somme négligeable. Avec les États-Unis et l’Argentine désormais en dehors du jeu, la stabilité financière de l’organisation pourrait en souffrir. Bien que l’OMS soit soutenue par les contributions de nombreux pays, la perte de tels financements pourrait avoir un impact sur sa capacité à coordonner et à financer des initiatives mondiales de santé.
2. Coordination mondiale de la santé
L’OMS joue un rôle clé dans la gestion des crises sanitaires mondiales, qu’il s’agisse de pandémies ou de flambées de maladies endémiques. Avec deux grandes puissances qui se retirent, cela pourrait nuire à la capacité de l’organisation à coordonner des actions collectives, rendant plus difficile la réponse mondiale aux urgences sanitaires futures. Pour les pays disposant de moins de ressources ou d’infrastructures sanitaires moins développées, cette perte de coopération internationale pourrait poser un réel défi.
3. Un précédent pour d’autres pays ?
La question qui persiste est la suivante : d’autres pays pourraient-ils suivre l’exemple de l’Argentine et des États-Unis en réévaluant leurs relations avec l’OMS ? La décision de l’Argentine pourrait créer un précédent, incitant d’autres nations à reconsidérer leur position sur la gouvernance mondiale de la santé, notamment si elles estiment que l’OMS ne répond plus à leurs intérêts.
Nous assistons déjà à une tendance inquiétante dans les relations internationales : de plus en plus de pays commencent à remettre en question le rôle et l’efficacité des institutions mondiales. Et avec cette nouvelle vague de retraits, il ne serait pas surprenant de voir d’autres nations suivre le mouvement.


















