Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a présenté cette vague de licenciements comme faisant partie de « l’Année de l’efficacité », affirmant qu’il s’agissait d’une mesure visant à éliminer les employés les moins performants. Mais alors, pourquoi tant de salariés licenciés avaient-ils d’excellentes évaluations de performance ?
Évaluations de performance vs. justification des licenciements
L’un des principaux griefs ? De nombreux employés affirment avoir reçu des évaluations positives avant d’être licenciés. Kaila Curry, une ancienne salariée de Meta, a déclaré qu’elle n’avait jamais été placée sous un plan d’amélioration des performances (PIP) et qu’elle avait constamment reçu des retours positifs avant son licenciement. Et elle n’est pas la seule.
- Plusieurs ex-employés ont partagé sur Blind, un forum professionnel anonyme, leur mécontentement face au récit de Meta, affirmant qu’ils avaient récemment reçu des évaluations « dépasse les attentes ».
- Sur la plateforme interne de Meta Workplace, des témoignages d’ex-employés ont mis en lumière des évaluations de performance en contradiction totale avec leur licenciement.
- Un ancien salarié a déclaré : « J’ai toujours eu de bonnes évaluations de performance, alors comment suis-je soudainement devenu un employé sous-performant ? »
Ce manque de transparence dans le processus de licenciement alimente les soupçons selon lesquels la réduction des coûts—plutôt qu’une véritable évaluation des performances—serait la principale motivation derrière ces suppressions d’emplois.
Des licenciements au timing « cruel »
Comme si perdre son emploi ne suffisait pas, certains salariés affirment avoir été licenciés juste après un congé parental ou médical. Ce timing a déclenché une vague d’indignation, les employés dénonçant une pratique à la fois inhumaine et potentiellement illégale.
- Un ancien salarié a confié avoir consulté un avocat après avoir été licencié à son retour de congé maternité, alors qu’il n’avait « aucune évaluation de performance négative ».
- Un autre a décrit comment certains collègues ont été licenciés alors qu’ils étaient encore en congé approuvé, qualifiant la décision de « cruelle et injuste ».
- Sur les forums internes, des salariés ont qualifié Meta de « l’entreprise tech la plus cruelle« .
L’attrition « non regrettable » de Meta : un pari risqué ?
Mark Zuckerberg insiste sur l’importance de « l’attrition non regrettable »—autrement dit, réduire les effectifs sans impact négatif à long terme pour l’entreprise. Mais la réalité est bien plus complexe :
- Les licenciements ont commencé seulement quelques semaines après un mémo de Zuckerberg promettant des suppressions progressives basées sur la performance.
- Les employés concernés n’ont reçu aucun avertissement préalable ni aucun document indiquant qu’ils risquaient d’être licenciés.
- Avec cette vague de licenciements, les effectifs de Meta ont chuté d’environ 5 %, passant à environ 72 000 employés.
Cette incohérence entre les déclarations officielles de Meta et l’expérience des employés licenciés alimente un climat de méfiance. Si ces licenciements étaient vraiment fondés sur la performance, pourquoi tant d’employés licenciés avaient-ils des évaluations positives ?
L’impact émotionnel et la mobilisation en ligne
Les licenciements ont généré une onde de choc au sein de la communauté tech. De nombreux ex-employés se sont tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leur désarroi, partager leurs expériences et chercher du soutien.
- Sur LinkedIn, de nombreux témoignages évoquent un sentiment de trahison. Elana Reman Safner, ancienne avocate produit chez MetaWorks, a raconté son licenciement malgré des évaluations excellentes, qualifiant l’expérience de « déchirante ».
- Certains s’inquiètent des répercussions sur leur carrière future, redoutant que l’étiquette « sous-performant » ne nuise à leurs opportunités d’emploi. Un ancien employé de longue date a déclaré : « Zuck se moque totalement de ses employés ».
- Sur TikTok, des vidéos virales montrent des employés licenciés partageant leur parcours post-Meta et tentant de normaliser la perte d’emploi dans le secteur tech.
- Les forums Blind sont devenus des espaces d’entraide, où les ex-employés échangent des informations sur les indemnités de départ et les meilleures stratégies pour rebondir.
Meta change de culture : une tendance inquiétante ?
Les critiques sur la gestion de Meta ne sont pas nouvelles, mais ces licenciements ravivent les inquiétudes sur la nouvelle direction impulsée par Mark Zuckerberg :
- Certains salariés estiment que ces suppressions d’emplois traduisent une volonté d’instaurer une culture d’entreprise plus « masculine », en écho aux récents propos de Zuckerberg sur l’énergie « virile ».
- La suppression des initiatives en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI) alimente les soupçons d’une priorisation des coupes budgétaires au détriment du bien-être des employés.
- La montée des frustrations internes suggère que le moral des employés est en chute libre, certains avertissant que Meta devient un lieu de travail « instable ».
Un signal d’alarme pour l’industrie tech
Meta n’est pas la seule entreprise technologique à réduire ses effectifs. Ces derniers mois, Google, Amazon et bien d’autres ont procédé à des vagues de licenciements. Mais la façon dont Meta a géré ces licenciements—en particulier les contradictions sur les critères de performance—fait débat.
La contestation des employés illustre un fossé grandissant entre la communication des entreprises et la réalité vécue par les travailleurs. Alors que Meta reste silencieux sur ces accusations, la mobilisation des ex-employés souligne un problème plus vaste : l’absence de transparence et le manque de considération pour les salariés dans la gestion des plans d’austérité.