Un vote à suspense
Ce scrutin, organisé au sein des commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat, s’est révélé extrêmement serré. Sur les 97 parlementaires qui se sont exprimés :
- 58 ont voté contre la nomination de Richard Ferrand
- 39 ont voté pour
Il aurait suffi d’une voix de plus contre lui pour que sa nomination soit bloquée. En effet, la Constitution prévoit qu’une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés est nécessaire pour rejeter une nomination. Ferrand a donc été confirmé, mais sur le fil.
Une abstention qui change tout
Pourquoi Richard Ferrand a-t-il échappé au rejet ? La réponse tient en partie à l’attitude de certains groupes parlementaires.
- Le Rassemblement National (RN) s’est abstenu, une décision qui a pesé lourd dans l’issue du scrutin.
- Les députés proches d’Éric Ciotti ont adopté la même position, refusant de participer au vote.
- Les Républicains (LR), eux, avaient clairement annoncé leur opposition à la nomination.
Sans ces abstentions stratégiques, l’issue aurait été tout autre.
Polémiques et contestations
La désignation de Richard Ferrand ne passe pas comme une lettre à la poste. Plusieurs critiques ont été formulées :
- Sa proximité avec Emmanuel Macron, dont il est un fidèle de la première heure.
- Son manque d’expérience juridique, un point jugé rédhibitoire par certains.
- L’affaire des Mutuelles de Bretagne, qui avait conduit à sa mise en examen en 2019.
Interrogé sur ces critiques, Ferrand a affirmé qu’il était « un homme libre » et que son « indépendance d’esprit » était intacte.
Des soupçons de marchandage politique
Cette nomination au forceps laisse des traces. Des membres de l’opposition parlent d’un « deal secret » entre Emmanuel Macron et le Rassemblement National. L’idée ? Que le RN ait accepté de ne pas bloquer Ferrand en échange de contreparties politiques. Aucune preuve formelle n’existe, mais le soupçon plane.
Une entrée en fonction sous tension
Richard Ferrand prendra ses fonctions le 8 mars 2025, succédant à Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel. Mais avec une nomination si contestée, il débute son mandat avec une fragilité inédite. Suffira-t-elle à entacher son action ? Les prochains mois le diront.