La déclaration en question a eu lieu lors d’un entretien avec Piers Morgan, où Zelenskyy a interrogé l’inefficacité perçue des négociations d’adhésion à l’OTAN, qui s’étendraient sur des décennies. Il a demandé : « Si ces processus (d’adhésion à l’OTAN) prennent des années, voire des décennies, non pas à cause de nous, mais à cause de nos partenaires, alors nous avons une question légitime : qu’est-ce qui nous protégera durant ce temps-là ? » Et pour répondre à cette question, il a évoqué une solution surprenante : les armes nucléaires. « Va-t-on nous donner des armes nucléaires ? Qu’ils nous les donnent ! » a-t-il ajouté.
Pourquoi cette déclaration maintenant ?
Pour comprendre la portée de cette déclaration, il est essentiel de se replacer dans le contexte actuel. L’Ukraine est en guerre ouverte contre la Russie depuis 2022, et la menace russe est omniprésente. Pour Zelenskyy, le besoin de protection est crucial, surtout après le retrait de l’Ukraine du statut nucléaire en 1994, dans le cadre du Mémorandum de Budapest, en échange de garanties de sécurité qui se sont révélées insuffisantes. Le président ukrainien a insisté : « Nos armes nucléaires ont été échangées contre rien. Nous avons perdu notre protection. » Cette déclaration met en lumière une profonde frustration vis-à-vis de l’incapacité de l’Occident à garantir une sécurité solide et immédiate.
Les alternatives à la dissuasion nucléaire : Que propose Zelenskyy ?
Bien que l’idée de se doter de l’armement nucléaire puisse choquer, Zelenskyy ne s’est pas limité à cette option. Il a également suggéré d’autres mesures de défense potentielles :
- Des systèmes de missiles avancés
- Le financement d’une armée de 1 million d’hommes
- Le déploiement de contingents militaires internationaux pour stabiliser le territoire ukrainien
Ces propositions montrent que l’Ukraine cherche des solutions concrètes pour se protéger contre l’agression russe, et elles reflètent une véritable volonté d’augmenter ses capacités de défense tout en atténuant la dépendance envers les promesses internationales.
Les réactions : Une onde de choc mondiale
La réaction en Russie a été immédiate. Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a qualifié la demande de Zelenskyy d’« effleurant la folie », s’opposant fermement à toute idée de prolifération nucléaire. De son côté, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, n’a pas hésité à traiter le président ukrainien de « maniaque ». Pour la Russie, l’idée que l’Ukraine se dote de l’arme nucléaire est non seulement un affront, mais aussi un risque pour la stabilité mondiale.
Au-delà des frontières russes, la suggestion de Zelenskyy a également soulevé des inquiétudes parmi les défenseurs du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Si l’Ukraine devait obtenir des armes nucléaires, cela pourrait provoquer un effet domino et inciter d’autres pays à suivre son exemple, ce qui serait catastrophique pour les efforts de désarmement mondial.
L’OTAN : Une réponse timide mais claire
L’OTAN a toujours soutenu la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Toutefois, son approche de l’adhésion est plus prudente, en raison de considérations géopolitiques complexes. Le processus d’adhésion prend du temps, et bien que l’Alliance condamne fermement l’agression russe, les obstacles politiques sont nombreux. Par ailleurs, l’idée de voir une Ukraine dotée d’armes nucléaires irait à l’encontre des principes mêmes de l’OTAN, qui favorise la stabilité et la non-prolifération.
Quel avenir pour l’Ukraine ?
La question qui se pose aujourd’hui est : où va l’Ukraine ? La proposition de Zelenskyy ne concerne pas seulement la sécurité du pays, mais aussi l’équilibre mondial. Si l’Ukraine ne peut pas compter sur l’OTAN, doit-elle vraiment envisager la prolifération nucléaire comme un moyen légitime de se protéger ? Bien que le recours aux armes nucléaires semble extrême, il révèle les frustrations profondes du pays face à un monde qui semble lent à réagir à ses appels à l’aide.